Myriam Lafranchise arborait un large sourire à la suite de la conquête d'un deuxième championnat canadien en autant d'années au jeu du 9. Un sentiment de satisfaction du devoir accompli habitait la jeune femme de Valleyfield. - (photo : Pierre Langevin)

 


Quelques coups truqués ont valu un second titre national à Myriam Lafranchise, qui compte déjà cinq championnats québécois à son palmarès. - (Photo : Pierre Langevin)

 

Le Journal St-François - Édition du 6 juillet 2005

Championne Canadienne deBillard pour une 2e année consécutive
Myriam Lafranchise conserve sa couronne

Denis Bourbonnais

A l'âge de cinq ans, sa grand-mère l'aidait à grimper sur des caisses de lait, au sous-sol de la maison familiale, pour qu'elle puisse joindre la table de billard.

23 années plus tard, Myriam Lafranchise éprouve plus que jamais une passion pour cette discipline sportive et la semaine dernière, elle a été récompensée pour les milliers d'heures consacrées à la pratique de son activité préférée.

La jeune femme de Valleyfield a fait fructifier sa baguette magique à la salle de billard Le Skratch à Pierrefonds et elle a remporté le championnat canadien au jeu du 9, s'imposant devant l'élite féminine à l'échelle nationale.

A sa 6e participation à cette exigeante compétition, la restauratrice de 28 ans s'est sentie écrasée par la pression durant ce week-end de trois jours qui a paru plusieurs semaines. Ayant décroché son premier titre canadien l'année dernière, Myriam a réalisé à quel point c'est plus difficile de répéter l'exploit.

Pointée du doigt comme la fille à battre, elle a trimé dur pour en arriver à conserver sa couronne. Ses rivales ont redoublé d'efforts pour détrôner la championne mais en bout de ligne, la Campivallensienne a fait fi de toute adversité.

Finale québécoise
La porte-étendard du club de billard Doolys de Valleyfield a ressenti doublement la pression, d'autant plus que 27 joueuses étaient inscrites cette année comparativement à 13 en 2004.

Parmi les aspirantes au titre, il y avait seulement une demi-douzaine de Québécoises, la plupart des favorites du tournoi venant de la Colombie-Britannique et de l'Ontario. Ironiquement, c'est une finale toute québécoise qui a proclamé la championne 2005.

Après avoir gagné cinq matchs d'affilée, Myriam a été impliquée dans une confrontation ultime qui fut pour le moins déchirante. Pour pouvoir placer sur ses doigts une seconde bague des championnes, elle devait avoir le meilleur sur sa grande amie, Nathalie Jacob, de Sorel, avec qui elle partage fréquemment ses heures d'entraînement.

Les deux Québécoises ont donné tout un spectacle, poussant la finale au-delà de la limite habituelle de 9 parties gagnées. Alors que la marque était de 10-10, les deux copines sont allées se serrer la pince pour se féliciter mutuellement et se dire qu'elles avaient toutes deux assez bien joué pour l'emporter.

Exceptionnellement, lors de la dernière joute, Myriam et Nathalie ont aligné quatre coups défensifs (safe) pour éviter de commettre une bévue fatale. Le match s'est finalement décidé quand la championne défendante a calé la boule numéro 8 en touchant la jaune arborant le numéro 1. Après quoi, elle a vidé la table pour décrocher son 2e titre canadien.

En plus du trophée et de la bague remis à la championne, cet accomplissement a valu à Myriam Lafranchise une bourse de 2 500 $ ainsi qu'un laissez-passer pour le championnat mondial féminin 2006. Par surcroît, la plus habile tireuse au pays devient admissible à prendre part au plus important tournoi de Las Vegas, auquel elle a participé pour la première fois ce printemps à l'Hôtel Riviera.

Combattre la nervosité
La reine Myriam devait confier au JOURNAL en entrevue qu'elle a trouvé cette seconde conquête beaucoup plus difficile que la première. La compétition était plus féroce et par conséquent, elle a dû combattre une nervosité qui s'est emparée d'elle dès le début.

"J'ai appelé mon coach (Luc Salvas) à trois reprises et j'ai téléphoné deux fois à ma mère qui était en voyage à Toronto. Les deux m'ont rappelé des choses que je savais mais j'avais besoin de quelqu'un pour me le dire" a-t-elle raconté.

Pour ajouter à son niveau d'anxiété, la finale prévue pour 18 heures n'a été disputée qu'à 21 heures. "J'ai dû patienter cinq heures entre mon dernier match et la finale. L'attente a empiré la situation. J'avais le temps de pratiquer mais je ne devais pas en faire trop. Je faisais le va-et-vient dans la pièce adjacente" devait signifier la pétillante jeune femme.

La nervosité s'est manifestée dès son premier match qui était diffusé en direct sur le site Internet billardquebec.com. Myriam ne l'a pas eu facile contre sa bête noire, Anika Kuczma, mais elle est parvenue à renverser sa rivale ontarienne, 9 parties à 6.

Victorieuse contre Terry Mason (9-6), la Campivallensienne en venait aux prises avec la grande dame du billard, Marian McConnell, de la Colombie-Britannique, à son 3e match. Dès la casse initiale, il était évident que la quintuple championne canadienne voulait se venger de l'échec subi l'an dernier aux mains de la Québécoise.

La femme de 55 ans s'est donnée une priorité de 8-5 et elle avait la titulaire 2004 dans les câbles. Myriam, de son côté, avouera qu'elle n'était pas à son mieux. "Je jouais trop défensif et je manquais de concentration. J'étais nerveuse et je ne savais pas pourquoi" a-t-elle relaté.

Contre toute attente, Myriam a réussi à reprendre ses esprits et elle a fait une remontée inespérée pour disposer de Marian McConnell, 9-8. Des victoires plus faciles sur l'Ontarienne Grace Nakamura (9-5) et Mona Remedios (9-4), de la Colombie-Britannique, dans la finale des gagnants, l'ont conduit au match décisif lors duquel la Campivallensienne a triomphé, de grippes et de grappes, face à son amie Nathalie Jacob.

En guise de conclusion, Myriam Lafranchise est fière d'avoir reconduit son titre mais elle avoue avoir tiré de grandes leçons de sa plus récente expérience au championnat canadien. "J'ai vécu une pression que je connaissais pas. L'année prochaine, je serai mieux préparée et je vais savoir comment composer avec la situation" devait attester cette grande championne de chez nous.